Le projet Demoware
Face au constat de déficit en eau sur le territoire vendéen à l’horizon 2030, Vendée Eau décide en 2014 de participer à un programme de recherche européen sur la réutilisation des eaux usées traitées, le projet Demoware.
En Europe comme en Vendée, les ressources en eau sont de plus en plus sollicitées et cela encourage la recherche de sources d’eau alternatives. La réutilisation de l’eau fait partie des solutions qui permettent d’apporter un volume d’eau supplémentaire. Toutefois, au lancement du projet DEMOWARE en 2014, la capacité à réutiliser les eaux usées pour différents usages au sein de la communauté européenne est limitée par la faible confiance du public, les approches peu développées d’évaluation des coûts et des avantages de ce type de système, des réglementations peu incitatives et une mauvaise coordination des professionnels qui conçoivent, mettent en œuvre et gère ces solutions.
Pour répondre à ces questions, de 2014 à 2016, le projet DEMOWARE regroupe 27 partenaires situés dans 10 pays européens. Le consortium rassemble des autorités publiques, des compagnies et services d’eau, une communauté des chercheurs et le public afin de faire la démonstration de l’innovation pour un secteur de la réutilisation de l’eau compétitif et innovant.
Dans le consortium 10 sites pilote d’application permettent de tester / évaluer des solutions de réutilisation d’eaux usées pour différents usages. Parmi ces sites, Vendée Eau apporte un terrain vierge pour étudier la préfaisabilité de la mise en œuvre d’une solution de réutilisation des eaux usées traitées pour un usage indirect d’eau potable. Le territoire vendéen est utilisé pour estimer les impacts et parvenir à des recommandations pour mener ce type de projet. L’évaluation théorique des impacts des apports de la réutilisation a été réalisée avec l’appui d’une modélisation simplifiée mais également grâce à la comparaison avec un cas de figure proche.
L’évaluation des impacts et la définition d’une filière de traitement
Une étude de cas a été réalisée sur la station d’épuration des Herbiers et la retenue de la Bultière. A l’est de la Vendée, le rejet de la STEP des Herbiers est effectué dans la Grande Maine qui alimente 21 km plus loin la retenue de la Bultière servant de réserve pour la production d’eau potable. Sur ce territoire, une campagne analytique de 2 ans a été menée sur les principaux nutriments, les indices microbiologiques et biologiques, les métaux et les micropolluants.
Les analyses montrent que le rejet de la STEP a bien un impact sur la qualité de l’eau mais qu’il est très localisé. Les effets du rejet de la STEP sont très limités au niveau de la retenue de la Bultière et de l’usine de production d’eau potable.
Les données récoltées sur la qualité de l’eau ont ensuite permis de définir deux filières de traitement adaptées pour la production indirecte d’eau potable en fonction de la qualité d’eau en sortie des stations d’épuration. Les traitements proposés sont basés sur de l’osmose inverse ou de l’électrodialyse associée au charbon actif, ils prennent également en compte le mode d’action de cette solution de secours en prévoyant des phases d’arrêt avec un fonctionnement en alternance des installations de traitement.
Le cadrage réglementaire
Lors du programme DEMOWARE, le cadrage réglementaire et les aspects sociaux ont également été étudié. La réutilisation des eaux usées destinée à la production d’eau potable n’est actuellement pas autorisée en France, la solution initiée en Vendée par le programme DEMOWARE sera la première référence en France. L’étude du cadre réglementaire identifie les barrières, les contraintes et décrit les lacunes à combler en comparaison avec la législation mondiale (en particulier : Australie et Californie) pour proposer une approche applicable au contexte local.
La nécessité de passer par une étape de démonstration
Les différentes études concluent sur la nécessité de faire un démonstrateur avant de lancer la solution de réutilisation indirecte des eaux usées traitées pour un usage d’eau potable à pleine échelle et de manière pérenne pour les raisons suivantes :
- L’absence d’exemple équivalent (recharge planifiée d’une eau superficielle destinée à la production d’eau, à partir d’eau usées traitées) en France et en Europe
- Un cadre réglementaire français et européen pour la Reut qui ne couvre actuellement de manière explicite que les usages agricoles (irrigation) et d’arrosage (golfs, espaces verts…)
- Des phénomènes très complexes qui interviennent lors d’un rejet dans une masse d’eau ainsi que des conditions hydrologiques et météorologiques très variables qui rendent utopique de pouvoir mener une approche théorique satisfaisante permettant de répondre à toutes les interrogations qui se posent avant la mise en place d’une solution de Reut à pleine échelle
- La nécessité, en lien avec l’absence d’exemple équivalent, d’accompagner une telle solution d’une démarche sociologique (explications, communication, …) pour aboutir à une concertation permettant de consolider l’acceptation d’une telle solution sur le long terme.